Le développement des formations professionnalisantes universitaires est réaffirmé comme une des priorités par les États members. Le modèle humboldtien protégé du monde extérieur tend à disparaître réformes après réformes en France. L'Etat se désengage au niveau financier et l'université pour survivre est incitée à indexer ses problématiques de recherche et de formation aux enjeux du monde socio-économique (De Meulemeester, 2011). Au niveau pédagogique cette injonction a pour conséquence de renforcer l'explicitation des contenus de formation universitaires entre connaissances et compétences. Comment accompagner alors les étudiants dans la construction de leur projet professionnel et dans une réflexion sur leurs expériences en formation, en stages ou dans d'autres contextes de la vie, dans les différentes expériences professionnelles par exemple? L'analyse des traces écrites et d'un focus group des étudiants nous montre qu'il existe une polarisation entre deux univers, deux contextes distincts : l'université et le contexte de stage qui correspond au futur métier. Pour les étudiants, l'université semble offrir un spectre plus large pour développer ses capacités d'action avec quelques occasions de transférer des apprentissages dans des projets à réaliser. En revanche, le lien entre le monde professionnel et l'université n'est pas opérationnel, il ne se traduit pas toujours en action ou en compétences. Le mouvement de professionnalisation qui vise à rapprocher la formation des situations de travail (Wittorski, 2008) irait dans le sens de ce double mouvement favorable aux transferts d'apprentissages. Mais pour favoriser réellement le transfert, le rapprochement des situations de travail et de formation suppose de reconstituer "des situations proches de celles du monde du travail, de la vie hors de l'école, que ce soit celle des adolescentes et adolescents ou des adultes qu'ils deviendront" (Samson, 2007, p.62). A travers la « démarche réflexive » (Eneau & Simonian, 2011), il s'agit d'amener les étudiants à apprendre à mobiliser les connaissances et les compétences acquises hors l'université (souvent dans le cadre des stages) dans les cours et vice versa.